Histoire

L'occupation humaine sur le territoire actuel de la commune remonte à la Préhistoire. de nombreux vestiges de silex ont pu être mis à jour, essentiellement à proximité de la rivière de l'Ouvèze.

Dans les années 1980, un hypogée a été découvert au lieu-dit " Les Boileau ", quartier Pied-Card. il s'agit d'un sépulture creusée par l'homme, dans la molasse, datée d'environ 2 400 ans avant Jésus-Christ (période chalcolithique). C'est un site primordial pour la connaissance des rites funéraires du néolithique provençal. Dix années de fouilles ont mis au jour près de 300 squelettes, dont certains montrent des marques de réduction de fractures ou de trépanations. Il s'agit probablement du lieu d'inhumation d'un groupement humain installé sur l'autre rive de l'Ouvèze.

L'occupation gallo-romaine sur le territoire de Sarrians est attestée par la découverte de monnaie et de médailles. De même, un autel dédié à Mithra représenté par une tête de taureau couronnée, ainsi que quelques sépultures avec du mobilier, nous éclairent sur la période antique.

En 993, Guillaume 1er de Provence, dit " Le Libérateur "*, fait don à l'abbé de Cluny de sa propriété de Sarrians das le but d'y faire ériger une église où reposerait sa dépouille. L'église est probablement consacrée durant la décennie 1030 - 1040. L'édifice comprend un chœur de style roman primitif. L'église a subi de nombreuses modifications au cours des siècles et a notamment été agrandie au XVIIe siècle par l'ajout de bas-côtés.

* En 973, à la tête d'une armée, il chasse définitivement les Sarrasins de Provence lors de la bataille de Tourtour.

Les moines clunisiens ont aménagé le territoire, notamment en asséchant les marais. Des remparts sont construits au XIVe siècle comme dans tous les villages du Comtat Venaissin.

De la motte féodale de Pied-Card, premier village installé sur le territoire de Sarrians, il ne reste aujourd'hui que quelques vestiges, dont la base du donjon, inclinée à 45°, aux pierres soigneusement jointées. Pour une raison inconnue, une partie des habitants de Pied-Card commencent à quitter ce premier site, probablement à partir du XIe siècle, pour venir se réfugier auprès des moines qui occupent Sarrians.

Avant la Révolution, la communauté est gérée par un conseil sous la direction de deux consuls. Ils délibèrent afin de régler les problèmes et gérer la vie du village. les premières délibérations conservées dans les archives datent de la fin du XVe siècle. Cette gestion se fait sous la tutelle du seigneur mais également du pape et de ses représentants. En effet, Sarrians fait partie du Comtat Venaissin, territoire des papes depuis 1274 jusqu'au rattachement à la France en 1791.

Sous la Révolution, Sarrians connaît des heures pour le moins tragiques. Le 19 avril 1791 a lieu la bataille de Sarrians qui oppose les Avignonnais (républicains) aux Comtadins, (fidèles au pape), sous la bannière de Sainte-Cécile. Un jeune homme de 26 ans, dénommé Ulpat, relate le récit de cette bataille dans un manuscrit intitulé " La Bataille de Sarrians ". Au cours de celle-ci, de nombreuses fermes ont été pillées, la château de Tourreau en partie incendié et une dizaine de personnes tuées.

C'est à partir des années 1850 que Sarrians connaît une période de prospérité agricole sans précédent, grâce à l'arrivée conjointe du Canal de Carpentras et du chemin de fer. La culture des primeurs a engendré une croissance économique commune à toute la plaine du Comtat Venaissin qui devient alors " le jardin de la France ". Un marché grossiste journalier prenait place tout autour du village et un train de marchandises partait tous les matins de Carpentras pour se rendre aux Halles de Paris, via Sarrians.

La situation a évolué dans les années 1970 avec l'ouverture du marché international. Peu à peu, c'est la vigne, beaucoup plus rentable, qui s'est étendue pour devenir aujourd'hui la première culture à Sarrians, avec une partie classée en AOC Vacqueyras. Il ne faut pas oublier, malgré tout, le patrimoine industriel sarriannais dû à cette prospérité agricole. Celle-ci a en effet entraîné l'ouverture de plusieurs usines de conserverie dont subsiste encore un bâtiment, les anciennes Conserveries du midi. Il existait également plusieurs filatures, la culture du mûrier permettant à l'époque l'élevage du ver à soie.

Les conflits mondiaux du XXe siècle n'ont pas épargné la commune de Sarrians. Une plaque à la mémoire des sarriannais morts pendant la guerre de 14-18 est scellée sur le mur du bas-côté de l'église. Vous trouverez le monument aux morts sur l'emplacement de l'ancien cimetière Saint-Sébastien, ainsi que le mémorial des Anciens Combattants de la Guerre d'Algérie. La seconde guerre mondiale a laissé des blessures profondes. Parmi les victimes, plusieurs résistants sarriannais sont morts en héros pour la France : Marius Bastidon, Albin Durand et Antoine Diouf.