Sarrians, un patrimoine à découvrir

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Laissez-vous conter Sarrians

Sarrians fait partie du Pays d'Art et d'Histoire du Ventoux - Comtat Venaissin. Notre village possède un patrimoine historique et naturel, riche et varié, à découvrir lors de balades ou en suivant nos circuits pédestres ou à vélo.

Une commune rurale très étendue

Le centre du village de Sarrians ne représente qu'une petite partie de son terroir, qui s'étend sur 3,749 hectares. La moitié sud de la commune, en plaine, est la plus fortement habitée tandis qu'au nord, le plateau des Garrigues, reste encore majoritairement dévolu à l'agriculture.

Deux sites successifs pour le village

Dans les Garrigues, la découverte de nombreux silex témoigne de l'occupation humaine du terroir de Sarrians depuis la Préhistoire. Celle-ci se concentre essentiellement à proximité de l'Ouvèze, rivière qui borde la commune à l'ouest. Au cours de l'époque gallo-romaine, la paix retrouvée incite les populations à s'installer dans la plaine, naturellement irriguée et donc plus propice aux cultures. La mise au jour d'un autel dédié au dieu Mithra atteste de cette présence. Mithra est un dieu oriental représenté sous l'apparence d'un taureau. Son culte, contemporain des débuts du christianisme, est très populaire dans les armées romaines.

À partir du XIe siècle, sous l'impulsion des moines bénédictins fondateurs de l'église, le village s'établit sur la butte, les paysans assèchent les marais alentours, viennent se placer sous la protection des moines et abandonnent alors peu à peu leur village fortifié de Pied-Card, à quelques kilomètres de là, à la naissance du plateau des Garrigues. De ce village, mal connu, subsiste le glacis de pierre qui entourait la butte de terre sur laquelle s'élevait une tour, probablement destinée à la surveillance.

La place du village

Cette place, baptisée aujourd'hui Jean Jaurès, succède à la place de l'église comme place principale du village après l'aménagement d'une esplanade agrémentée de mûriers en 1725. Cet arbre était souvent planté dans les villages du Comtat Venaissin car sa feuille permettait de nourrir le ver à soie dont l'élevage tenait une place importante dans toutes les familles paysannes.

Une grande campagne de construction de fontaines publiques a été initiée par la municipalité en 1852. La plus grande, et la seule de plan centré, est prévue sur cette place. Elle dispose d'un bassin à pans coupés. Le fût central est décoré de monstres marins et de roseaux, le tout surmonté d'un décor de vase.

En raison de travaux d'aménagements urbains au début des années 1990, la fontaine a été déplacée à son emplacement actuel. Le bassin d'origine a été démoli et un nouveau, plus grand, reconstruit. Ceci explique pourquoi il est aujourd'hui difficile d'aller chercher l'eau crachée par les canons, trop éloignés du bord du bassin !

La place du village et la fontaine à son emplacement d'origine (collection particulière) :

Le quartier du Moulard

Le quartier des moulins, un faubourg hors-les-murs

Le village, enserré dans ses remparts, ne peut plus contenir sa population qui ne cesse de croître aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il existait trois faubourgs à l'extérieur des remparts : le faubourg Notre-Dame (face à la porte des remparts, dite d'en bas), le faubourg Saint-Sébastien (autour de l'ancien cimetière) et le faubourg Saint-Antoine, appelé aussi du Moulard.

Ce nom vient de la déformation du mot " moulin " et " meule ". Il existait dans ce quartier, surtout dévolu aux activités artisanales, plusieurs moulins à huile actionnés par la force humaine ou animale et peut-être aussi des moulins à eau, utilisant la force hydraulique fournie par le cours d'eau " des eaux des fontaines de Piécard " qui passe à proximité.

Le quartier du Moulard par Goubert (1952 - collection municipale) :

La fontaine et le lavoir

La fontaine permettant d'approvisionner ce quartier en eau a été construite en 1852. Le projet initial prévoyait un socle carré avec une corniche surmontée d'un cygne en fonte déversant les eaux dans une coquille de pierre. C'est finalement une fontaine beaucoup plus simple qui a été réalisée avec un simple mascaron de fonte autour du canon par lequel s'écoule l'eau.

Un lavoir, utilisant l'eau du fuyant, est installé plus tard suite à une pétition des habitants du Moulard qui explique que ce quartier est très peuplé mais aussi très éloigné des lavoirs publics de la commune. Ils demandent alors la construction d'un lavoir à côté de la fontaine.

En 1921, la municipalité décide de démolir ce lavoir et d'en construire un autre, comportant deux parties : une, plus petite, pour " rafraîchir ", c'est-à-dire pour mouiller le linge, et une autre plus grande pour laver. Le lavoir du Moulard est le dernier encore visible dans le centre du village. Les autres ont été démolis suite à leur abandon dans la seconde moitié du XXe siècle, dû à l'arrivée de la machine à laver le linge.

Projet de la fontaine du Moulard (1852 - archives communales) :

L'ancien couvent

Après le départ en 1668 des religieuses bénédictines, le curé de la paroisse persuade le conseil de communauté d'accueillir des religieuses du Verbe-Incarné de Grenoble. En charge de l'éducation des jeunes filles, elles attirent de nombreuses filles de la noblesse du Comtat. Devant cet engouement, Monsieur de Pusque, riche propriétaire terrien leur donne la maison qu'elles occupaient comme locataires au faubourg du Moulard.

Quelques années plus tard, en 1690, le couvent est trop petit et les religieuses se sentent en danger à l'extérieur des remparts du village, malgré le mur de clôture qu'elles avaient élevé. Elles partent alors pour Orange et Monsieur de Pusque récupère sa maison. Il la donne en 1693 aux religieux observantins de l'ermitage du quartier Saint-Jean de Sarrians qui y restent jusqu'en 1794.

C'est dans cette maison que les frères de l'ordre des petits frères de Marie installent leur école en 1866. Ce lieu demeure une école d'enseignement catholique jusque dans les années 1960 où elle ferme par manque d'élèves. Suite à un échange immobilier entre l'association paroissiale et la commune, ce bâtiment devient municipal. Des travaux de restauration sont entrepris dans les années 1990 afin de créer une maison des associations.

Les remparts

A l'origine, seule l'église et le prieuré étaient fortifiés

Lorsque l'église a été construite à la toute fin du Xe siècle et au début du XIe, elle était fortifiée, tout comme le prieuré bénédictin proche qui abritait les moines. Des traces de constructions défensives, comme des mâchicoulis, ont été découvertes sur la façade lors des travaux de restauration en 2007.

Sarrians, sur la carte du Père Bonfa en 1696 (Carpentras, bibliothèque Inguimbertine, archives et musées) :

Une enceinte ceinture le village au XIVe siècle

Le pape Innocent VI, en 1353, ordonne à tous les villages du Comtat Venaissin de construire des remparts afin de les protéger des Grandes Compagnies, ces soldats licenciés à la fin de la guerre de Cent ans. À Sarrians, la communauté doit emprunter l'argent nécessaire au seigneur du village. Elle met un siècle à le rembourser. Pour cela, un impôt sur les fruits, le vingtain, est prélevé pendant 14 ans, ainsi qu'une taxe sur le vin, le souquet.

Deux portes permettaient d'entrer et sortir du village : la porte d'amont (en haut du village, à proximité de l'église) et celle d'en bas. Un employé de la communauté, le portier, était en charge de leur ouverture et de leur fermeture. En temps de guerre ou d'épidémie, il était ainsi possible d'empêcher l'accès en fermant les portes. De cet ensemble, il subsiste cette tour percée d'une bouche à feu afin de pouvoir utiliser des armes depuis l'intérieur des fortifications ainsi qu'une portion de muraille dans la rue basse. On distingue encore les contremarches de l'escalier menant au chemin de ronde, cet espace de circulation au sommet des remparts. Celui-ci permettait la surveillance du territoire par les habitants.

Muraille et contremarches de l'escalier de la rue Basse :

La porte d'en bas ou porte Notre-Dame

Cette porte a été ouverte en 1680 pour permettre une meilleure circulation dans le village et ouvrait sur la rue principale, la Grand'Rue. Appelée d'abord " porte neuve " ou, plus usuellement porte d'en bas, elle prend le nom de Notre-Dame après l'installation en 1725, sur l'esplanade aménagée en face, d'une Vierge destinée à protéger la ville. Celle-ci a été réalisée par Jacques Bernus, fameux sculpteur comtadin travaillant à Mazan. Cette statue de Notre-Dame, qui a donné son nom à la porte puis au quartier, a été détruite lors de la bataille du 19 avril 1791.

La porte, quant à elle, a été démolie en 1837, tout comme une grande partie des murailles. Les matériaux sont alors vendus, au plus offrant, au profit de la commune.

L'église paroissiale

Une église voulue par Guillaume 1er, comte de Provence, à la fin du Xe siècle

Cet important personnage de l'histoire du haut Moyen-Age a libéré définitivement la Provence des Sarrasins en 973, lors de la bataille de Tourtour (dans l'actuel département du Var) ; ce qui lui vaut le surnom de " Libérateur ". Très lié à Mayeul, abbé de Cluny (abbaye bénédictine en Bourgogne qui avait des possessions dans tout la France) , Guillaume fait don, en 993, de terres qu'il possède sur le territoire de l'actuel village de Sarrians à la condition qu'une église dédiée à la Sainte-Croix y soit érigée et qu'il y soit inhumé. Son geste est motivé par le désir d'assurer le salut de son âme. Il meurt à l'automne de cette même année, suivi de près par Mayeul.

L'église a probablement été consacrée pour la fête de l'Ascension en 1037. En effet, ce jour-là, la présence à Sarrians de deux petits-fils de Guillaume 1er est attestée.

L'église romane du début du XIe siècle

Cette église, une des plus anciennes du département de Vaucluse, est composée d'un chœur, d'un transept et d'une nef et comporte une voûte en berceau. La croisée du transept est couverte d'une coupole sur trompes, elliptique, nue et aveugle. Cette dernière, ainsi que la toiture romane, unique en Provence, sont les derniers vestiges de cette église primitive.

La façade de l'église au XIXe siècle (archives communales) :

Du XIIe siècle au XXIe siècle...

Au cours du XIIe siècle l'absidiole nord (actuelle chapelle de la Vierge) ainsi que la nef sont repris. Au XVIIe siècle, probablement à cause de la ferveur populaire et de l'exiguïté du bâtiment, il est décidé d'agrandir l'église par l'adjonction de deux bas-côtés voûtés sur croisées d'ogives. La travée nord est la plus ancienne, car elle porte la mention " 1669 " sur une clé de voûte. Celle située au sud est plus récente de quatre ans et porte les initiales B/CB, qui doivent être celles du maçon.

Au XVIIIe siècle, un clocher-peigne a été construit sur la façade principale afin de remplacer le clocher-tour qui se trouvait au-dessus de la croisée du transept, démoli car il menaçait la stabilité de l'édifice.

En 1948, des travaux de restauration radicaux ont été menés. L'enduit intérieur ainsi que le décor du XIXe siècle ont entièrement été supprimés. La volonté, à cette époque, était de redonner son aspect originel à l'église du village. Or, dans la région, la pierre grossièrement taillée, comme c'est le cas ici, était toujours enduite.

Des travaux de soutien, d'étanchéité ainsi que la réfection de la façade ont été entrepris en 2007. A cette occasion, la tour carrée, qui se trouvait accolée au nord de la façade, a été détruite afin de donner un certain équilibre à l'édifice.

Intérieur de l'église avant les travaux de 1948 :

La Place du 1er août 1944

La mairie, à l'emplacement de l'ancien prieuré bénédictin

En 993, Guillaume de Provence fait don de ses terres de Sarrians à l'abbaye bénédictine de Cluny afin qu'une église soit érigée pour accueillir sa dépouille. Des moines viennent alors s'installer à côté et fondent un prieuré d'ordre bénédictin. Celui-ci a dû être rapidement fortifié, ce qui lui vaut souvent le nom impropre de château. En effet, le seigneur de Sarrians était le prieur de l'abbaye bénédictine de Saint-Saturnin-du-Port (à Pont-Saint-Esprit, dans l'actuel département du Gard) qui ne résidait donc pas dans le village. Un de ces seigneurs a été Jules de la Rovère, entre 1474 et 1503, année où il devint pape sous le nom de Jules II.

Le conseil de communauté, qui gérait les affaires du village, se réunissait dans une salle de ce couvent jusqu'en 1492, lorsque fût élevée une maison commune sur la place face à l'église. Elle est décrite dans les archives comme suit : " Maison consulaire à la place devant l'église paroissiale, soutenue par sept piliers en partie, servant de maison de ville, d'archives et de quartier pour les écoles de la jeunesse ". La mairie est transférée dans le prieuré suite à son abandon lors de la Révolution. Elle occupe toujours ces lieux aujourd'hui.

La place de la mairie a été rebaptisée "du 1er août 1944" : un hommage aux résistants

Lors de la Deuxième Guerre mondiale, Albin Durand, paysan de Sarrians, a été un résistant de la première heure. Il a été torturé et tué le 1er août 1944 avec son employé et ami, Antoine Diouf. D'autres Sarriannais sont morts tragiquement lors de cette guerre : Marius Bastidon abattu le 20 août 1944 en descendant du Ventoux où il ravitaillait le maquis ; Pierre Charrasse, âgé de 12 ans, qui jouait avec des amis sur la colline de la Sainte-Croix, tué par une troupe allemande qui venait au village; sans oublier Paul Roux et Lucien Faraud.

Différents lieux à Sarrians ont été rebaptisés en leur mémoire. Dès le mois de septembre 1944, le comité provisoire d'administration de la commune donne le nom d'Albin Durand au boulevard Daladier (dit aussi de la Gare) et celui de Marius Bastidon à l'avenue de Carpentras.

La tour de Gache

La tour de Gache n’est pas, comme l’indique souvent les légendes des cartes postales, une tour du château. Il s’agit en fait d’une tour de surveillance dont le nom vient de la déformation « d’agacho » qui désigne en provençal le lieu d’où l’on épie.

Elle est construite au XVIIIe siècle afin de remplacer celle qui se trouvait sur l’église, au niveau de la croisée du transept, et qui servait aussi de clocher. Cette tour déstabilisait l’église. Il a alors été décidé de la démolir et de construire une tour à proximité ainsi que d’élever un clocher au niveau de la façade principale. Cette tour, qui se trouvait à l’angle de la place de la mairie et de la rue de l’eau pendante, a été démolie en 1958.

La tour de Gache :

L'ancien cimetière

Le premier cimetière se situait dans la crypte et autour de l'église

Le cimetière se trouvait à l'angle nord-ouest de l'église, probablement dès la construction de l'église et la constitution du village autour de celle-ci. Les personnes, qui en avaient les moyens financiers, pouvaient être inhumées dans la crypte de l'église. Dans les registres paroissiaux d'avant la Révolution, 1 749 personnes sont mentionnées enterrées dans l'église. De nombreuses entrées de caveaux en jonchent le sol.

Au XVIIe siècle, un cimetière est créé hors des remparts

La rue, qui relie ce cimetière à la porte des remparts dite " d'amont ", c'est-à-dire d'en haut, porte toujours le nom de Saint Sébastien. Ce saint était invoqué par les populations, tout comme Saint Roch, afin d'être protégé des épidémies de peste. Une chapelle, dédiée à ces deux saints, est élevée ici en 1688, dans l'enclos du cimetière. Une chapelle à Saint Roch, aujourd'hui disparue, a été accolée à l'église après la peste de 1629.

En 1878, la municipalité souhaite agrandir le cimetière mais ce projet n'a pas pu aboutir car celui-ci se trouve trop près de nombreuses habitations et, de plus, le terrain est bas et humide : l'eau se trouve parfois à 25 centimètres sous le niveau du sol ! Ce cimetière a donc été définitivement désaffecté en 1919 après la création du nouveau cimetière, route de Vacqueyras, en 1885.

Plan cadastral situant la rue, l'ancien cimetière et la chapelle (archives communales) :

En 1920, l'ancien cimetère devient le jardin du monument aux morts

Le monument aux morts de la guerre de 1914-1918, élevé grâce à une souscription populaire, est réalisé par le sculpteur Marius Saïn. Le bloc de pierre, arrivé par le train, a été sculpté sur place sous un hangar de la gare. L'inauguration du monument aux morts a eu lieu le dimanche 27 juin 1920. A cette occasion, les formations musicales des " blancs " et des " rouges ", farouches opposants politiques, ont joué ensemble pour la première fois.

Inauguration du monument aux morts le 27 juin 1920 (archives communales) :

La tombe de l'abbé Chauvet

Lors de travaux d'aménagement du jardin du monument aux morts en 1985, une pierre tombale a été mise au jour. Il s'agit de celle de l'abbé Chauvet.

Ce prêtre a eu la lourde tâche d'enterrer les morts de la " bataille de Sarrians " qui s'est déroulée le 19 avril 1791, pendant la Révolution. Elle a opposé les Avignonnais, qui souhaitaient être rattachés au royaume de France, à l'Union de Sainte-Cécile, fédération de villages du Comtat Venaissin souhaitant rester sujets du pape. Le territoire du Comtat Venaissin, dont fait partie Sarrians, est devenue propriété pontificale au XIIIe siècle. Le village appartenait toutefois au diocèse d'Orange, qui se trouvait dans la principauté du même nom. À l'issue de cet affrontement qui a vu la victoire des troupes Avignonnaises, les autorités sarriannaises ont remis les clés de la ville, symbole de la défaite. Le Comtat Venaissin a été officiellement rattaché au royaume de France quelques mois plus tard, le 14 septembre 1791.

Le passé agricole et industriel de Sarrians

Le Canal de Carpentras, une révolution agricole au XIXe siècle

La sécurité retrouvée après la Révolution incite les paysans à s'installer sur leurs terres, à l'extérieur du village. Au milieu du XIXe siècle, le canal de Carpentras est construit afin d'irriguer, grâce à l'eau de la Durance, les terres du Comtat. A Sarrians, c'est un canal secondaire, le canal Sainte-Marie, qui serpente à travers les Garrigues, au nord du village, afin d'amener l'eau dans les terres.

De nombreuses surfaces, jusque là dévolues à l'élevage, vont pouvoir être cultivées et les paysans vont s'enrichir grâce à la culture des fruits et des légumes. Au fur et à mesure des années, des travaux de construction de canaux, appelés filioles, et la mise au point des systèmes de pompage, permettent à l'eau d'arriver dans de nouveaux quartiers, jusque dans la plaine du village, comme c'est le cas ici. L'eau du canal coule de l'autre côté du boulevard, sous la voirie urbaine.

La gare de Sarrians-Montmirail

Sarrians se situe sur la ligne ferroviaire reliant Carpentras à Orange construite en 1894. Celle-ci permet de raccorder par Carpentras le fameux PLM " Paris-Lyon-Méditerranée ", né quelques années plus tôt en 1863. La gare prend le nom de " Sarrians-Montmirail " en 1893 à la demande du directeur de l'établissement thermal de Montmirail, sur la commune de Gigondas. En effet, Sarrians est l'arrêt pour les curistes qui sont ensuite transportés par une calèche faisant quotidiennement le trajet jusqu'aux thermes.

Bien que des trains de voyageurs aient circulé, c'est surtout les marchandises agricoles, artisanales et industrielles produites sur la commune qui sont exportées en France et dans le monde grâce au chemin de fer. Dans les années 1960, le camion, plus pratique, supplante ce mode de transport. La ligne Orange-Carpentras ferme définitivement à la circulation ferroviaire en 1987.

Gare de Sarrians-Montmirail au début du XXe siècle :

Les conserveries et bien d'autres activités industrielles

Trois usines sont créées au début du XXe siècle afin de fabriquer des conserves, dans un premier temps de tomates. Puis, afin de pallier au problème de saisonnalité de ce fruit, ce sont des épinards, des asperges, des pêches, des pommes en compote, entre autres, qui sont conditionnés dans des boîtes en métal ou des bocaux en verre. Les conserves de Sarrians sont alors vendues et consommées dans de nombreux pays du monde ! La dernière conserverie a fermé en 2000.

Il existait également à Sarrians des filatures de soie, une usine de chaînes et une fabrique de balais.

Publicité pour les conserves de l'usine Giraud (collection particulière) :

Les conserveries du Midi

À Sarrians se situent les anciens locaux des Conserveries du Midi, ouvertes en 1932, avec leur cheminée en béton de 50 mètres de haut construite en 1947, légèrement arasée. C'est un rare témoignage de cette activité industrielle encore visible aujourd'hui.

C'est dans cette usine que le procédé de mise en tube de concentré de tomate " Tomatub " a été mis au point par Francis Ayme en 1947-1948. Pour fabriquer 1 kilogramme de ce triple concentré à 36% il fallait 8 kilogrammes de tomates fraîches !

Les concentreurs des Conserveries du midi (collection particulière) :

Le cours du Couvent

Un cours planté de platanes

Ce cours longe une partie du village, à l'extérieur des anciens remparts. Il permettait de relier la place du village au quartier du Moulard et doit son nom à l'ancien couvent du XVIIe siècle qui s'y trouve. Les platanes, qui le bordent, sont des arbres très présents dans la région, aussi bien sur les espaces publics comme les places ou les cours, qu'au bord des routes ou encore en campagne, en allées, pour mener aux domaines agricoles. Le platane, ou la platano en provençal, est très apprécié pour ses grandes feuilles qui offrent une ombre agréable l'été. L'arbre se dénude à l'automne et laisse passer une lumière appréciée en hiver.

C'est sur ce cours que se tenait chaque jour le marché aux fruits et légumes, où les paysans de Sarrians venaient vendre leur production aux expéditeurs.

Le marché sur le cours du Couvent (collection particulière) :

Lécole communale

Cette école a été construite entre 1892 et 1904, suite aux lois Ferry de 1881 et 1882 qui rendent l'école gratuite, obligatoire et laïque. A l'origine, la cour était coupée en deux par un préau qui permettait la séparation entre les filles et les garçons. Avec la création d'une deuxième école, à proximité, à la fin des années 1950, elle devient le lieu de scolarité des garçons uniquement. C'est en 1975 que, pour la première fois, les garçons et les filles fréquentent les mêmes bancs d'école.

L'école avec le préau séparant la cour en deux ; les garçons d'un côté, les filles de l'autre :

La fabrique de balais

À Sarrians, il existait une activité semi-industrielle de fabrique de balais. Cet atelier, créé en 1927 par Marius Doux, se trouvait sur l'avenue de la gare. En 1949, l'atelier déménage sur le cours du couvent, face aux écoles. René et Raymond, les fils de Marius Doux, ont poursuivi l'activité jusqu'en 1982.

Fabriquer un balai est tout un art. Après plusieurs étapes de traitement de la paille, elle doit être triée sur des bancs afin de confectionner le corps du balai autour du manche. De la paille de très bonne qualité, importée de Hongrie, d'Italie ou d'Argentine, sert ensuite à fabriquer la couverture. La paille doit ensuite être cousue grâce à une machine appelée la Lorraine. Un balai n'est terminé qu'une fois la paille égrainée et coupée nette au massicot. Les balais sont ensuite expédiés dans toute la France. L'atelier en produisait de plusieurs sortes. Les plus ordinaires sont le Parisien et le Cigalon. Le plus costaud était le Percheron, nommé ainsi par comparaison avec ce puissant cheval de trait. Il était très apprécié dans le nord de la France et en particulier en Normandie.

La fabrication des balais dans l'atelier Doux, avenue de la Gare :

Le hameau des Sablons

Le hameau des sables

Toujours situé à l'écart d'un village, un hameau regroupe quelques maisons souvent localisées à proximité d'une source d'eau. Les terres de ce quartier sont bien irriguées par l'eau de la rivière proche, l'Ouvèze. Elles sont donc intéressantes à cultiver mais les paysans doivent s'installer sur place, du moins en temps de paix, car ils sont trop éloignés du village pour pouvoir y rentrer tous les soirs.

Le mot " sablon " désigne un sable à grains très fins. Ce hameau est proche de l'ancien site de Pied-Card, abandonné à partir du XIe siècle au profit du site de Sarrians, distant d'environ cinq kilomètres. La plus ancienne mention de ce nom de quartier date de 1303 lors d'un procès concernant les eaux de l'Ouvèze. Les prises d'eau sur cette rivière génèrent de nombreux conflits, notamment avec le village voisin de Jonquières, car l'Ouvèze a un débit capricieux et peut parfois être à sec.

Carte du hameau des Sablons et des quartiers alentours en 1873 (archives communales) :

Au XIXe siècle, des équipements communaux deviennent nécessaires : l'écoles...

Cette école est née de la demande des habitants de quatre hameaux proches (les Sablons, les Gens d'Orange, Pavane et Cabridon) qui souhaitent un lieu d'enseignement proche. Cette demande aboutit en 1863. En 1866, on compte 36 élèves dans cette classe unique. La croissance continuelle de la population de ces hameaux entraîne l'achat du bâtiment de l'école en 1878. En 1887, deux enseignants travaillent dans deux classes différentes : une pour les filles et une pour les garçons. L'école est restructurée à plusieurs reprises face à la demande croissante. Aujourd'hui elle est toujours en activité et accueille des élèves de maternelles.

... et le lavoir

Ce lavoir est construit par la municipalité en 1873, suite à la demande insistante des habitants du hameau des Sablons. Il est plus confortable et moins dangereux de laver le linge au lavoir qu'au bord de la rivière. Ils insistent sur le fait qu'ils sont loin du village, que leur population est très importante et qu'un tel lavoir serait également utile aux habitants dispersés dans les environs. Le terrain est cédé gratuitement par les propriétaires par " égard aux sacrifices que s'impose la commune de Sarrians pour la construction dudit lavoir ".

Afin de l'alimenter, la commune doit dériver le canal d'arrosage de l'Ouvèze pour un débit de 16 litres par minute, qui est toutefois suspendu en cas de sécheresse.

Pour protéger des intempéries les femmes qui lavaient, ce lavoir a été couvert et un mur élevé au nord afin de couper le vent. Il présente une architecture intéressante avec ses piliers de briques rouges, caractéristiques des constructions du XIXe siècle.

Il menaçait ruine lorsqu'il a été restauré en 2008. Il a ainsi retrouvé son aspect originel grâce aux nombreuses informations et aux plans retrouvés dans les archives communales.

Le projet de construction du lavoir en 1873 (archives communales) :

Source :

Service Culture et Patrimoine de la CoVe